Principaux résultats de la première étude mondiale sur le risque et la confiance menée par CNA Hardy. À télécharger ici.
- Les niveaux de risque sont globalement constants dans le monde, 82 % des dirigeants ayant le sentiment de travailler dans un environnement où le risque est modéré à élevé.
- Mais les degrés de confiance varient énormément. Ils s’échelonnent de 39 % au Royaume-Uni à 70 % en Europe continentale, car la politique économique protectionniste menace de compromettre les ambitions de croissance internationale des sociétés.
- Partout, les entreprises privilégient l’investissement dans la R & D et la technologie plutôt que dans le personnel.
- Avec une projection à six mois, et compte tenu de l’accroissement de la dépendance aux moyens technologiques, le cyber-risque est perçu comme la principale menace pour l’activité de l’entreprise devant le risque économique, les plus grandes entreprises affichant le plus faible degré de confiance.
- Comme les risques sont de plus en plus interconnectés et mondiaux, les entreprises doivent mettre l’accent sur le leadership, la culture et la stratégie pour rester en tête.
19 novembre 2018
D’après la dernière édition de l’enquête mondiale CNA Hardy sur le risque et la confiance publiée aujourd’hui, moins des deux tiers (59 %) des dirigeants d’entreprise dans le monde ont confiance dans la capacité de leur entreprise à se développer. Cependant, on observe des différences importantes entre les régions : 70 % des dirigeants d’Europe continentale se disent confiants, un chiffre bien au-dessus de ceux de l’Amérique du Nord (64 %), de l’Asie Pacifique (53 %) et du Royaume-Uni (39 %).
En ce qui concerne la perception de la menace, le consensus est plus élevé : le risque économique est la principale préoccupation de 22 % des dirigeants dans le monde et fait partie des deux principaux risques dans chaque région, devant les risques liés à la cyber-sécurité (19 %), les risques technologiques (14 %) et les risques politiques (13 %).
Dave Brosnan, directeur général de CNA Hardy, souligne :
« Le risque économique domine, dans le classement par région, sauf en Europe continentale. Il entame plus durement la confiance des entreprises là où elles estiment qu’elles ont le plus à perdre, en particulier au Royaume-Uni, où le Brexit paralyse la prise de décision, et en Asie, où les guerres commerciales faussent les échanges.
En revanche, en Amérique du Nord et en Europe continentale, la croissance économique relativement forte suscite une confiance nettement supérieure des chefs d’entreprise, malgré le sentiment général d’évoluer dans un environnement où le risque économique va de modéré à élevé.
Il est cependant intéressant de noter que, dans toutes les régions sans exception, les dirigeants privilégient l’expansion internationale pour favoriser leur croissance, indépendamment des niveaux de confiance. Si cette approche optimiste est positive du point de vue de l’entreprise, la croissance doit être traitée avec prudence. La politique économique de plus en plus protectionniste risque de compromettre les ambitions de croissance internationale des sociétés. Exécuter une stratégie de croissance mondiale est beaucoup plus difficile lorsqu’on est confronté à des vents contraires sur les plans politique et économique. »
L’augmentation de l’investissement dans la technologie s’accompagne d’une hausse des risques liés à la cyber-sécurité et aux technologies
Parallèlement à l’expansion internationale, les cadres à l’échelle mondiale affichent une nette préférence pour les investissements dans la technologie et la R & D plutôt que dans le personnel. En effet, afin de soutenir l’augmentation du chiffre d’affaires, 74 % des chefs d’entreprises privilégient les dépenses technologiques et 70 % celles en R & D.
Historiquement, d’après les données d’études de CNA Hardy, , la technologie et les talents comptaient autant l’un que l’autre pour soutenir les ambitions de croissance des entreprises. En novembre 2018, cependant, l’embauche de personnel temporaire est passé au second plan par rapport aux dépenses accordées pour le développement de l’entreprise (fusions et acquisitions, p. ex.) et pour les installations et les équipements.
Ce changement dans les priorités d’investissements a aussi modifié la perception du risque et hissé la technologie1 au rang des trois principaux risques mondiaux. En effet, 14 % des dirigeants à l’échelle mondiale la classent comme leur risque majeur et 37 % estiment que celui-ci sera encore plus élevé dans six mois.
Dave Brosnan précise :
« Bien que la technologie soit essentielle pour favoriser l’expansion mondiale dont dépend la croissance des entreprises, c’est aussi, à bien des égards, le ventre mou de la 4e révolution industrielle. À mesure qu’elle devient de plus en plus indispensable et intégrée, il est plus difficile de la gérer et le risque de faire les mauvais choix augmente. Une plus grande dépendance ouvre inévitablement la voie à une augmentation de l’exposition aux cyber-risques et d’autres liés à la technologie. C’est un cercle vicieux mais incontournable. »
« Il ne serait donc pas étonnant que, dans six mois, en mai 2019, le cyber-risque occupe le devant de la scène en tant que risque numéro un dans le monde, près de la moitié des cadres (49 %) affirmant qu’il devrait augmenter. Fait intéressant, 50 % des grandes entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à 1,3 milliard de dollars US déclarent que le risque est susceptible d’augmenter, contre seulement 36 % dans les petites entreprises et 45 % dans celles de taille moyenne. D’après nos données, les PME ne perçoivent pas la gestion du cyber-risque comme une priorité. Il semble qu’elles se sentent moins vulnérables au risque. Mais elles se trompent, et les assureurs doivent s’efforcer de mettre davantage en évidence le risque de cyberattaques dans les entreprises de toutes tailles. »
Les entreprises doivent se préparer aux risques interconnectés
Les trois principaux risques pour les entreprises (économie, technologie et cyber) sont mondiaux, interconnectés et complexes.
À notre avis, elles ne peuvent plus se contenter des compétences financières et juridiques traditionnelles pour gérer ces risques. Elles ont besoin d’une palette de compétences plus large et diversifiée afin d’identifier et de gérer les menaces pour la réputation de la marque susceptibles de résulter, par exemple, d’une mauvaise préparation au Brexit ou d’une perturbation de la chaîne d’approvisionnement due à une cyberattaque. Elles doivent également envisager d’intégrer une approche plus proactive de la prévention des pertes et des risques. Des équipes d’encadrement plus solides agissant dans le contexte d’une culture du risque plus proactive seront mieux placées pour effectuer les investissements stratégiques dans la technologie, les personnes et les processus qui favorisent la croissance.
Dave Brosnan fait remarquer :
« Les grandes pertes d’aujourd’hui sont provoquées par les mêmes facteurs qu’il y a vingt ans : les incendies et les inondations. Si les entreprises ne peuvent plus maîtriser ces risques évidents, elles rencontreront inévitablement des difficultés quand elles seront confrontées à des risques mondiaux, plus complexes et interconnectés. Le leadership, la culture et la stratégie sont les meilleures garanties pour mieux comprendre ces risques, y réagir et communiquer ce qui doit changer.
La gestion des risques porte autant sur le service et l’assistance que sur l’équilibre des transferts de risque et, pour que cela fonctionne efficacement, il doit y avoir un meilleur dialogue entre les clients et le secteur. »
Faits marquants par région
L’Amérique du Nord avance à grands pas et le niveau de confiance surfe sur la vague
- Parmi les entreprises américaines et canadiennes, 86 % perçoivent l’environnement de risque comme élevé ou moyennement élevé, avec une baisse de 2 % seulement (soit 84 %) dans une projection à six mois.
- Malgré une perception élevée des risques, dont le facteur essentiel est l’économie d’après le pourcentage important de participants qui la citent, les dirigeants restent optimistes. Près des deux tiers (64 %) se disent confiants à l’heure actuelle, et ce chiffre grimpe à 70 % quand ils se projettent à six mois.
- Les entreprises américaines et canadiennes sont tentées par une croissance internationale. Les marchés locaux restent la priorité, mais l’investissement y baisse au profit d’autres régions. L’intérêt pour l’Asie est en hausse de 4 % et celui pour le reste du monde de 5 %. En revanche, les investissements au Royaume-Uni et en Europe devraient diminuer de 5 % car le Brexit complique les accords commerciaux.
- Les guerres commerciales ont également des répercussions sur les plans de croissance de plus d’un tiers des dirigeants (37 %), sachant que presque deux tiers d’entre eux (61 %) pensent que le Brexit n’aura pas d’effet significatif. Les principales préoccupations en matière de risque sont d’ordre économique (classé numéro un par 21 % des participants), cyber (20 %) et technologiques (16 %). À l’inverse, une faible priorité est accordée aux risques liés à l’entreprise2, à la chaîne d’approvisionnement et à la réglementation.
Nick Creatura, PDG de CNA Canada, souligne :
« Les États-Unis et le Canada connaissent un double phénomène de forte croissance et de risque élevé. Les niveaux élevés de confiance qui règnent chez les dirigeants dans toute l’Amérique du Nord semblent être sous-tendus par des facteurs locaux, principalement la force de leur économie. En revanche, les risques prennent de plus en plus un caractère international (guerres commerciales et Brexit) et échappent au contrôle immédiat des dirigeants. »
Le tigre Asie-Pacifique rugit-il moins fort ?
- Dans la zone Asie-Pacifique, les dirigeants ont la plus forte perception du risque derrière l’Amérique du Nord. Environ 82 % d’entre eux estiment travailler dans un environnement où le risque est modéré à élevé.
- Les risques économiques et politiques s’imposent dans l’esprit des dirigeants (26 % et 14 % respectivement) et reflètent leurs préoccupations concernant l’impact des perturbations dues aux guerres commerciales et au protectionnisme sur leur future croissance.
- Ces guerres ont des répercussions sur les plans de croissance d’un bon tiers des dirigeants (38 %) et un peu plus de la moitié pensent que le Brexit aura un impact significatif.
- Dans ce contexte, le niveau de confiance des cadres est le plus faible toutes régions confondues, hormis le Royaume-Uni. Seuls 53 % des cadres affirment avoir confiance actuellement, et ce chiffre monte à 61 % avec une projection à six mois.
- Malgré ce faible degré de confiance, la croissance demeure une priorité. L’investissement dans la technologie et dans la R&D est l’un des principaux domaines d’intérêt, ainsi que l’augmentation du chiffre d’affaires.
Rob Hands, directeur général de CNA Hardy Asie, souligne :
« L’Asie a connu une longue période de croissance rapide, soutenue par une économie chinoise dynamique et une forte demande. La guerre commerciale actuelle avec les États-Unis peut provoquer un ralentissement économique en Chine, et on constate de ce fait une plus grande prudence chez les cadres. »
Royaume-Uni et Europe : un continent divisé par le Brexit
- Globalement, l’Europe continentale arrive en tête sur le plan de la confiance, 70 % des cadres s’avouant actuellement en confiance. Ce chiffre passe à 73 % à six mois. En revanche, le niveau de confiance des entreprises au Royaume-Uni est le plus faible au monde (seulement 39 % actuellement) et grimpe à 45 % à six mois.
- Le facteur clé de cette divergence est le risque économique lié au Brexit, qui est ressenti de façon beaucoup plus aiguë par les dirigeants britanniques : 23 % d’entre eux le classent au premier rang contre 16 % en Europe continentale.
- En phase avec ces niveaux de confiance élevés, les dirigeants d’Europe continentale ont la perception la plus positive du risque, 74 % estimant qu’ils travaillent dans un environnement où le risque est modéré à élevé, soit 7 % de moins qu’au Royaume-Uni (81 %).
- La probabilité que les entreprises d’Europe continentale maintiennent leurs investissements dans les fondamentaux économiques est bien plus forte qu’elle ne l’est pour les entreprises britanniques, et ce de façon significative. L’écart est de 18 % pour les investissements dans la technologie, par exemple, et de 25 % pour l’embauche de personnel temporaire.
- Le Royaume-Uni et l’Europe continentale continuent tous deux à rechercher de la croissance, mais pas l’un auprès de l’autre puisque leur relation commerciale au sein de l’UE devrait prendre fin. Au Royaume-Uni, l’intérêt pour le reste du monde est multiplié par trois, alors que les dirigeants européens se tournent de plus en plus vers l’Asie (+ 8 %) et l’Amérique du Nord (+ 7 %).
Stuart Middleton, directeur général de CNA Hardy Europe, fait remarquer :
« La Manche entre le Royaume-Uni et l’Europe est étroite, mais c’est un abîme qui sépare ces deux marchés en matière de confiance. Les entreprises d’Europe continentale ont le luxe de pouvoir trouver un juste milieu entre le cyber, la technologie et l’économie. Au Royaume-Uni, le risque économique domine dans l’esprit des dirigeants et ôte toute bouffée d’oxygène en salle du conseil. »
- FIN -
Téléchargez l’enquête ici
1 - Définition des risques technologiques : défaillance des systèmes informatiques, technologie de rupture chez de nouveaux concurrents ou start-ups du secteur
2 - Définition du risque de l’entreprise : fraude, corruption, gouvernance inadéquate, exposition aux régimes de retraite, culture d’entreprise insuffisante
CONTACTS :
Ruth Starling I 07812 089710 – [email protected]
Charlie Evans I 07769 648812 – [email protected]
À propos de l’étude
Opinion Matters, une société d’études indépendante a mené, en juillet et septembre 2018, une étude quantitative pour le compte de CNA Hardy. Elle a effectué un sondage en ligne auprès de 1 500 dirigeants d’entreprises multinationales ayant des activités en Europe.
Le chiffre d’affaires de ces entreprises va de 6,5 millions à plus de 1,3 milliard de dollars US.
Répartition de l’échantillon régional :
- 450 entreprises implantées au Royaume-Uni
- 250 entreprises implantées en France et en Allemagne
- 450 entreprises implantées aux États-Unis
- 100 entreprises implantées au Canada
- 250 entreprises implantées à Singapour,
en Corée du Sud et en Australie
|
Répartition des participants entre les secteurs d’activité suivants : |
- Secteur manufacturier
- Bâtiment
- Transports et logistique
- Services financiers
- Services de conseil
- Technologie
- Technologie financière
- Santé (secteur privé)
- Sciences de la vie
|
En outre, Luther Pendragon a mené des entretiens téléphoniques avec des représentants des secteurs ciblés et des représentants de CNA Hardy basés au Royaume-Uni, en Amérique du Nord, en Europe continentale et en Asie-Pacifique.
Il a collaboré avec CNA Hardy pour analyser les données et rédiger et préparer le rapport d’étude sur la confiance et les risques mondiaux de novembre 2018.